L'économie expliquée aux humains
la vie de chateau @la_vie_de_chateau_72@mobilizon.fr
"Dans la nature, tout est circulaire, tout est recyclé à l'infini, et l'énergie est utilisée de façon efficace. L'économie circulaire cherche à s'inspirer du fonctionnement des écosystèmes, où rien n'est déchet, et tout est ressource.
Lorsqu'un arbre croît, il mobilise des minéraux du sous-sol, de l'eau et de l'énergie qu'il tire du soleil pour assembler des molécules complexes.
Après sa mort, son bois sera lentement décomposé, d'abord par des insectes et des champignons, puis par des vers, et surtout un cortège de micro-organismes. Chaque molécule, chaque atome le constituant sera alors recyclé, et rendu disponible pour d'autres arbres.
L'économie circulaire n'est pas autre chose que cette idée, transposée aux systèmes de production humains...
... Elle peut être mise en œuvre à travers des stratégies de type "symbioses industrielles", ou "écologie industrielle", qui cherchent à mimer le comportement des écosystèmes à l'échelle d'une zone activité ou d'un bassin d'emploi, en valorisant en cascade l'énergie, et en recherchant systématiquement des débouchés locaux à tous les sous-produits de chacune des activités...
Ces symbioses industrielles commencent à se répandre partout dans le monde. Des activités aussi diverses que les cimenteries, des centrales énergétiques, des conserveries, des usines fabriquant des enzymes ou des produits biotechnologiques, mais aussi des serres agricoles ou des bassins de piscicultures se regroupent et s'échangent toutes sortes de choses qu'auparavant elles auraient rejetées dans le milieu naturel. Elles y gagnent, parce qu'elles font des économies (de chauffage, de climatisation, d'engrais, de matériaux, de carburants...) et l'environnement y gagne parce que moins de déchets et de pollutions y sont rejetés."
"Vos villes, elles aussi gagneraient à être inspirées par les forêts. Prenez le cas du chêne que j'affecte tant. Outre qu'il est un brillant exemple d'immeuble favorisant la plus grande des "mixités sociales", puisqu'il abrite oiseaux, insectes, champignons, mammifères et j'en passe, c'est un exemple typique d'habitat densifié, fournissant sa propre énergie, puissant et stockant son eau, et le tout avec des matériaux 100% recyclables.
Vos villes ne doivent plus être des "monstres" allant prélever leurs ressources au loin, et rejetant leurs déchets hors de la vue et du contrôle de leurs habitants. Elles peuvent désormais être des lieux de convivialité, de travail et d'habitat, produisant elles-mêmes leur énergie, grâce à des toits solaires, du petit éolien discrètement intégré aux bâtiments, de la géothermie, ou encore en méthanisant leurs déchets et les déjections de leurs habitants. Elles peuvent collecter les eaux de pluie au lieu de les laisser ruisseler sur les voiries, avant d'être recueillies dans les égouts, où elles se mêlent aux eaux usées. Elles peuvent d'ailleurs recycler celles-ci dans des écosystèmes semi artificiels où des plantes diversifiées capteront les pollutions, assainiront l'air et créeront des microclimats favorables, ce qui sera bien utile dans un contexte de nécessaire adaptation au changement climatique.
Dans les villes bio-inspirées, des petites productions maraichères, fruitières ou horticoles pourront fournir aux habitants un apport non négligeable de produits alimentaires frais.
Dans ces villes, enfin, la multifonctionnalité entre habitation, commerce, affaire et loisir permettra à chacun de disposer, à proximité de chez lui, de tout ce dont il aura besoin. La voiture aura rendu aux humains la place qu'elle leur a pris, permettant que la rue devienne à nouveau un espace de rencontres et d'échanges."
Emmanuel Delannoy, L'économie expliquée aux humains, Wild project, 2020.